La science : entre connaissance et incertitude

4. Vers un traitement de l'ignorance partielle ?

Il reste que l'histoire ne s'arrête pas là. En effet, actuellement, la théorie des probabilités est complètement dominante dans le monde scientifique, mais n'est pour autant pas la panacée. Elle est en effet incapable de véritablement rendre compte de... l'ignorance. Pour comprendre ce problème, imaginez un crime dont on sait qu'une et une seule personne peut-être coupable, et aussi que le seul indice disponible permet d'affirmer avec certitude que le criminel est Albert ou Bernard. Aucun autre indice ne permet de départager entre les deux. Maintenant, vous êtes le juge. Selon le « principe d'indifférence » couramment appliqué en calcul de probabilités pour se sortir de ce genre d'impasses, on remplace l'ignorance par le postulat que la part inconnue est également distribuée entre les options en présence (ici les suspects). Bien sûr, cela permet de continuer les calculs, mais en réalité ce n'est qu'une pirouette, pas toujours applicable. Dans le cas du crime précédent, cela consisterait à imputer la moitié de la culpabilité à chacun des deux suspects pour arriver à une décision et donc à condamner les deux à une peine intermédiaire alors que l'on sait pertinemment que l'un est pleinement coupable et l'autre pleinement innocent !

Réconcilier science et ignorance partielle, quel challenge !! Divers cadres concurrents pour rendre compte de l'incertitude d'une façon plus complète, tolérant une part d'ignorance, sont apparus (théorie Mathématique des "faits probants", de Shafer, 1975; Théorie des possibilités, Zadeh, 1978, etc.). Mais tout cela est plus un champ en devenir que de l'histoire...

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