Statistique inférentielle et psychométrie appliquée

7. L'hypothèse nulle

7.3. Le hasard agit-il comme une cause ?

Notons qu'une expression comme "l'effet du hasard" est un raccourci issu du langage courant mais tout à fait en désaccord avec la perspective scientifique sur la nature du hasard : contrairement à une représentation très répandue, le hasard n'est pas une entité magique qui assurerait la distribution équilibrée des événements, sorte de force de régulation qui ramènerait les choses vers un équilibre, une équité. Il serait beaucoup plus juste de concevoir le hasard scientifique, au contraire, comme une absence de détermination. C'est justement du fait de cette absence de détermination que les choses se répartissent à peu près équitablement.

En quoi cette précision est-elle importante ? Parce que si l'on conçoit le hasard comme une force, et que l'on constate qu'une série d'événements aléatoires semble aller dans un sens particulier (e.g., la pièce tombe toujours sur pile), alors on va tendre à croire augmentée la probabilité que les coups immédiatement suivants les choses vont s'équilibrer (la pièce va tomber sur face). Or, c'est faux ! Si je jette une pièce non truquée en l'air et qu'elle tombe dix fois sur pile, j'aurai peut-être envie de croire que le prochain coup face va plus probablement sortir... Et c'est faux ! Si la pièce est non truquée, les dix tirages précédents n'auront absolument aucun effet sur l'événement qui surviendra au prochain tirage, et la probabilité d'avoir pile au 11e tirage sera de nouveau 1/2. Mais des joueurs abusés par une conception du hasard comme force magique auront misé beaucoup plus gros qu'ils ne l'auraient fait autrement.