Psychométrie

Cette grande leçon développe la problématique de la mesure en psychologie dans une perspective épistémologique et historique. Il s'agit de poser le problème de l'observation objective et quantitative du comportement d'une part, et le problème de l'interprétation des données comme des variables théoriques d'autre part.

Rédaction : Stéphane Vautier

4. Compétences pour maîtriser un test psychométrique

4.1. Assurer l'administration du test et l'établissement des résultats psychométriques

Ce niveau de compétence se fonde essentiellement sur l'application de procédures réglant (i) la manière dont le test est administré aux personnes à évaluer d'une part et (ii) la manière dont les réponses sont transformées en scores d'autre part. Il existe de nombreux tests dont l'administration et le recueil des données qu'ils permettent ne nécessitent pas un niveau de formation très élevé. Néanmoins, selon les tests et les personnes auxquelles le test est appliqué, certaines particularités peuvent justifier la nécessité d'une formation approfondie, qualifiant l'examinateur pour chacune de ces deux tâches.

L'administration du test  

L'administration d'un test peut être individuelle ou collective. Dans le cas le plus simple, administrer un test consiste :

  • à vérifier que la personne, ou le groupe de personnes, est partie prenante à la situation d'évaluation, comprend les consignes du test et, le cas échéant, respecte certaines conditions (par exemple, une limite de temps),
  • à mettre le matériel de test à disposition de la personne ou du groupe,
  • à recueillir les réponses.

Certains tests cliniques (i.e., à passation individuelle et à visée diagnostique) nécessitent l'établissement d'une relation intersubjective complexe entre la personne évaluée et l'examinateur. Il est possible que certaines situations de test conduisent la personne évaluée à "se bloquer", ou bien à s'engager dans un processus transférentiel davantage qu'elle ne l'aurait souhaité après-coup. Les tests qui peuvent avoir un caractère intrusif ne peuvent pas être administrés n'importe comment, pour des raisons productives (il est stérile de "bloquer" la personne qui se sentirait menacée par l'évaluation) et déontologiques (il est obligatoire de respecter l'intégrité de la personne, cf. le Code de Déontologie des Psychologues, accessible à partir du site de la Société Française de Psychologie - on peut obtenir davantage d'informations sur d'autres sites internet).

> De plus, certains tests nécessitent la prise en compte d'aspectscomportementaux qui ne sont pas répertoriés à l'avance dans une grilled'observation ; c'est le cas par exemple des tests d'intelligence deWechsler, dont certaines tâches permettent de suggérer des stratégiesde résolution de problème. Dans ce cas l'examinateur doit résoudre des problèmes de cotation. Les tests psychométriques sont par définition des tests psychologiques qui minimisent les problèmes de cotation.

L'établissement des résultats psychométriques

La seconde tâche est l'établissement des résultats psychométriques. Elle consiste généralement à produire un profil quantitatif, "visualisation graphique d'un ensemble de résultats étalonnés sur la base d'un modèle [d'étalonnage] commun"  (Guillevic & Vautier, 2005, p. 84). Cette tâche est souvent informatisable. La notion d'étalonnage, ou, plus proprement, de modèle de norme statistique, doit être connue (voir à ce sujet Guillevic et Vautier, 2005, chapitre 4). Au-delà des aspects algorithmiques de la tâche de traduction des observations en nombres, on attend d'un examinateur compétent qu'il qualifie les résultats de l'observation comme étant, ou n'étant pas, interprétables. Autrement dit, l'examinateur doit être capable de valider les données, c'est-à-dire de juger que le test de la personne a été effectué dans des conditions telles qu'on peut considérer que les réponses obtenues sont caractéristiques de cette personne.