Psychologie, statistique et psychométrie

Cette première grande leçon introduit la psychométrie et la statistique dans la perspective historique du développement de la psychologie scientifique à partir du XIX e siècle, afin de permettre aux étudiants de comprendre les enjeux épistémologiques, scientifiques, et techniques de ces matières. Ces enjeux comprennent en particulier l'établissement de grandeurs mesurables et la mise au point de méthodes objectives pour l'étude de la variabilité induite expérimentalement ou observée en condition naturelle.

Rédaction : Éric Raufaste, Stéphane Vautier

7. Relations entre Statistique et Psychométrie

7.4. On fait des analyses statistiques des scores psychométriques

Les phénomènes psychologiques peuvent être appréhendés de manière statistique. Par exemple, dans le domaine de la psychologie des intérêts, qui trouve ses applications dans le champ de l'orientation scolaire et professionnelle, on peut avoir l'impression que les femmes s'intéressent plus au domaine de la psychologie que les hommes. Mais sur quoi fonder une telle impression ? Avant de se lancer dans des explications savantes, il convient de mieux cerner le phénomène, c'est-à-dire de le caractériser de manière objective.

Il s'agit donc d'évaluer la relation de dépendance statistique entre le sexe et l'intérêt pour les disciplines de la psychologie. Pour cela, on peut tout d'abord circonscrire une population d'étude, par exemple en s'intéressant aux étudiants inscrits en L1 à l'UFR de Psychologie de l'Université de Toulouse, puis comparer le pourcentage de femmes au pourcentage d'hommes (environ 90% vs. 10%). Cette approche du problème repose sur l'utilisation de l'inscription en première année de psychologie comme d'un indicateur de l'intérêt des étudiants pour la psychologie.

On peut aussi objectiver le phénomène de dépendance statistique entre sexe et intérêt pour la psychologie en s'appuyant sur des mesures psychométriques de l'intérêt pour la psychologie dans la population générale et non pas seulement dans la population des étudiants de psychologie. Muni d'une technique de quantification appropriée, on pourra alors circonscrire la population d'étude comme la population des adultes français, faire une enquête auprès d'un échantillon représentatif, et comparer la moyenne des scores d'intérêt des femmes à la moyenne des scores d'intérêt des hommes. Si l'impression initiale est fondée et si l'on a correctement mesuré l'intérêt pour la psychologie, le score moyen des femmes devrait être nettement supérieur au score moyen des hommes. Cette approche, potentiellement plus fine, requiert que l'on sache mesurer l'intérêt pour la psychologie. C'est à la psychométrie de résoudre ce type de problème.

L'investigateur en psychologie a (au moins) quatre "casquettes" : psychologue, statisticien, enquêteur et psychométricien. En tant que psychologue, pour répondre à sa question de manière objective, il met la casquette de statisticien. En tant que statisticien, il demande à l'enquêteur de lui fournir des données. En tant qu'enquêteur, il demande au psychométricien de lui fournir des méthodes de mesure. Les casquettes de statisticien, enquêteur et psychométricien sont regroupées sous un seul chapeau, celui du méthodologue.