Psychométrie

Cette grande leçon développe la problématique de la mesure en psychologie dans une perspective épistémologique et historique. Il s'agit de poser le problème de l'observation objective et quantitative du comportement d'une part, et le problème de l'interprétation des données comme des variables théoriques d'autre part.

Rédaction : Stéphane Vautier

2. Qu'est-ce que la psychométrie ?

2.1. Techniques de quantification en psychologie

De nombreux psychologues pensent que la personnalité des gens peut être décrite comme un faisceau de traits, plus ou moins prononcés. Prenons l'exemple suivant : Paul est très rapide intellectuellement et plutôt anxieux. Il est intéressé par l'art et déteste les tâches concrètes comme la cuisine ou la réparation d'un appareil. Julie est aussi intelligente que Paul, peu anxieuse, peut-être moins intéressée par l'art, et a du goût pour les activités pratiques.

Dans cette perspective, les personnalités des gens sont définies comme des points dans un hyper-espace dont les dimensions sont quantitatives et continues. L'intelligence dite fluide, l'anxiété-trait, l'intérêt de type artistique, l'intérêt de type réaliste, sont des exemples de traits psychologiques généraux admis par la plupart des psychologues, bien que leurs définitions demeurent imprécises (Maraun, 1998).

Les techniques de quantification des différences individuelles relatives à des traits de personnalité sont très utilisées dans la pratique professionnelle et dans la recherche en psychologie. 

Le processus de quantification psychométrique prend, en entrée, des comportements observés de manière standardisée à l'aide de tests ou de questionnaires psychologiques, et produit, en sortie, des scores psychométriques. Ces scores, en principe, ne dépendent pas de l'observateur, ce qui leur confère une certaine objectivité. Cela ne serait pas le cas si les scores dépendaient fortement de la personnalité des psychologues qui administrent les tests. Si, à l'issue d'un examen psychologique, Paul a un QI de 120 et Julie un QI de 123, cette faible différence constitue un fait objectif ; on considère que le fait que Paul ait été évalué par le docteur Jovial tandis que Julie l'ait été par le docteur Grincheux a un effet négligeable sur leurs résultats respectifs, donc sur l'écart qu'il y a entre leurs scores.

Pour autant, les scores dépendent des règles qui permettent d'associer des scores à des comportements. La mise au point de procédures permettant d'observer objectivement certains comportements et de transformer le tableau de ces observations en scores est une tâche qui relève de la psychométrie.