Une situation d'instrumentalisation, le commerce.
Quel diagnostic pour Family Village au Mans ?

![]() P.Dugot, Family Village | Le commerce « fordien », dont le développement des grandes surfaces est l'aspect le plus visible, s'inscrit largement dans un développement consommatoire non durable. Du seul point de vue urbain, il a participé à l'étalement des villes et à la croissance des mobilités automobiles. Il participe du divorce entre l'activité commerciale et la ville alors que la complicité historique entre les deux est évidente. Il est de fait un acteur d'une ville non durable. |
![]() P.Dugot, Family Village | Depuis quelques années, dans un contexte de concurrence exacerbée, peut-être dans le cadre d'un certain ralentissement du modèle fordiste, sans doute en parallèle aussi d'une redéfinition des attentes des consommateurs, grands distributeurs et promoteurs dans l'immobilier commercial, réfléchisse à d'autres concepts où s'invite la question de la proximité, de l'amélioration paysagère, etc. Doit-on accepter sans discussion les assertions des uns et des autres ? |
![]() P.Dugot, Family Village | En creusant un peu la question, on mesure rapidement que les nouveaux investissements commerciaux, dégagés de quelques artifices architecturaux et autres astuces discursives, ne répondent pas aux questions de fond d'une ville durable. Ainsi quel est l'apport sur le terrain de la gestion des mobilités et celui de la consommation du foncier agricole, de tel life style center en situation périphérique par rapport à ses devanciers centrés sur les hypermarchés si, ni la question de l'accessibilité n'est posée, ni celle d'une mixité fonctionnelle ? |
![]() P.Dugo, Family Village | Prenons le projet « family village » développé par la société Altaréa dans l'agglomération mancelle. Il s'agit d'un nouveau type de centre commercial où est créé, autour d'un parking, un parcours déambulatoire pédestre : on gare sa voiture, puis on peut passer d'un magasin à un autre... comme dans la rue. L'esthétique de la boîte à chaussure est abandonnée, on tente de recréer une atmosphère plus urbaine. La permanence de la « nature » est un des arguments force de ce concept. Les arbres ont été conservés nous dit-on : rappelons tout de même que la parcelle qui accueille ce centre commercial moderne a été déboisée ! Seuls quelques arbres ont été épargnés permettant néanmoins de capitaliser sur le concept de « développement commercial durable ». |
![]() P.Dugot, Family Village | Mais n'est-ce pas un abus de langage que d'associer conservation de la nature et entretien de quelques arbres, même remarquables ? Ce qui légitime surtout la critique c'est qu'à y regarder de plus près, les questions essentielles restent en suspens. Ainsi, l'accessibilité de ce centre commercial est optimisée pour la voiture et uniquement pour la voiture. Vous avez dit développement durable ?! On peut également émettre quelques réserves au niveau de la monofonctionnalité du site. Il n'y a aucun logement autour. On nous parle d'un village mais où sont les habitants ? Il n'y a que des consommateurs qui se déplacent toujours en voiture dans une agglomération que cet investissement contribue à étendre un peu plus. |
![]() P.Dugot, Family Village | Il ne s'agit pas ici de stigmatiser quiconque. Les investisseurs comme les promoteurs commerciaux, ont toute leur place dans la construction de la ville. Ils sont légitimes parce qu'ils possèdent un savoir-faire – mais aussi un savoir-vendre -, qu'ils ont des moyens financiers, mais aussi de l'inventivité ; c'est leur métier. Cela n'empêche qu'il est nécessaire que cette catégorie d'acteurs soit encadrée. D'une part, la question du développement durable, la question de la ville durable, ne peut se satisfaire d'un simple green washing. C'est d'autant plus vrai si ces nouveaux projets parés de l'ambition de reconfigurer plus harmonieusement le rapport entre la ville et le commerce, servent surtout à lâcher la bride aux investisseurs avec les mêmes travers: consommation de foncier, automobilité dominante dans le cadre d'une marqueterie d'espace urbain monofonctionnel (sans même parler des produits consommés issus d'une logique productive mondialisée). |