Espaces urbains et développement durable

Un oxymore à dépasser...

Les villes accueillent la moitié de la population mondiale mais consomment plus des deux tiers de l'énergie et produisent 80 % des gaz à effet de serre. Or, a priori elles sont conçues pour faire des économies d'échelle et non multiplier gâchis et pollutions. Cherchez L'erreur [1]

Parce qu'elle est le lieu d'agglomération d'une part majoritaire et croissante de la population mondiale et le lieu préférentiel de consommation de nombreuses ressources de la planète, la ville doit donc être un élément d'attention de toute politique de développement durable. Nous avons vu que tel n'est pas toujours le cas. Certes, la question agricole n'est pas moins importante. Il ne s'agit pas de hiérarchiser mais de rappeler qu'en tant que lieu de pouvoir, de production, de consommation, de richesse, la ville est un intercesseur irremplaçable dans la mise en œuvre du développement durable. Une expérience intéressante à creuser, celle de la gestion des déchets dont les villes sont le plus gros producteur, celle de San Francisco visant un objectif de « zéro déchet ». Qui peut nier que cet effort d'économie circulaire reproduit à des centaines d'exemples est porteur de conséquences importantes sur la diminution de l'empreinte écologique de la ville?

Il est intéressant de noter qu'en raison de cette prégnance de l'urbain sur l'avenir de l'homme, la ville durable se propose aussi clés en main. La France propose ainsi une vitrine de son « excellence » en matière de capacités à penser et construire de la durabilité urbaine. Il s'agit de VIVAPOLIS, dont le gouvernement français s'est ainsi fait l'écho lors d'un déplacement en Chine et qui plus généralement se veut la Marque France de la « ville durable » à l'international. Sur le fond, l'attribut de ville durable mériterait discussion. Sur la forme cela traduit bien qu'il y a un marché, avec toutes ses imperfections, mais reflet d'une demande produite par la nécessité, y compris dans un pays émergent comme la Chine connaissant un développement, peu soucieux d'environnement jusqu'à ce jour.

Ceci étant acté, se pose la question des modalités de cette construction de la durabilité urbaine, des outils et des modalités. Le chantier est rendu complexe par l'inflation discursive qui anime le marketing durable à la sauce verte. De fait, à l'instar du développement durable, on relève une tendance à la déconstruction de la ville durable amenant à en réfuter l'approche même. On voit en parallèle fleurir d'autres visions qui se veulent plus concrètes dans les outils d'anticipation: ville flexible, ville résiliente ou ville réversible. Il s'agit plus là de stratégie d'adaptation à des changements, des évolutions que de proposer un changement global du paradigme urbain.

  1. Cluzet, 2012

    Alain Cluzet, Le climat sauvé par les villes? Vers une solution européenne, L'Harmattan, 2012.

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