Psychométrie : théorie et applications

Le titre développé de cette grande leçon est « Du qualitatif au quantitatif : théorie et applications ». Consacrée à la psychométrie, elle approfondit la problématique de la mesure en psychologie selon deux perspectives. 

  • D’une part, il s’agit d’expliciter la construction d’un observable comme le processus de composition d’applications, processus qui permet de transcrire des énoncés qualitatifs en énoncés quantitatifs. 
  • D’autre part, il s’agit de montrer comment l’utilisation des prévisions qu’il est possible de dériver statistiquement à partir des « sorties » de l’observation psychotechnique étaye l’intervention du psychologue dans des problématiques de dépistage, de sélection et de conseil.

4. Tester qu'une description multivariée permet un mesurage ordinal

4.4. Conséquences théoriques de la falsification

Un chercheur teste une personne en maintes occasions et observe que les réponses falsifient les trois théories. Alors les trois théories sont fausses. Il n'est pas correct d'affirmer que tout se passe comme si la personne répondait selon un principe -- une fonction par palier -- qui permet d'interpréter ses réponses comme des mesures ordinales sur une échelle à deux (théorie 3) ou trois degrés (théories 1 et 2). 

La falsification des trois théories implique que les réponses dépendent d'autre chose que de la quantité hypothétique, celle-ci pouvant soit ne pas exister, ou bien exister néanmoins. Il faut alors concevoir le mécanisme multifactoriel de la production des réponses. Par exemple, la personne pourrait penser "ah, oui, je me fais du souci pour ce problème de porte qui ne ferme pas, mais ça n'est pas de l'anxiété ça, donc, je réponds non". Dans ces conditions, la réponse à l'item dépend d'un phénomène cognitif et, si on tient à la fonction par palier, force est d'admettre qu'elle est en quelque sorte "off". Le problème est qu'on ne voit pas comment se débarrasser des cognitions, puisque le principe même d'un item de questionnaire auto-évaluatif est qu'il repose sur la capacité des gens à s'auto-évaluer, i.e., à produire des cognitions sur eux-mêmes.

Une autre conséquence est que si on a falsifié les théories possibles avec deux items, il ne sert à rien de rajouter d'autres items. Si le mesurage "marche" avec n items, il "marche" avec n-1 items (n-1 n'étant pas plus petit que 2). Si on ajoute des items, on augmente le nombre de degrés (exactement, d'intervalles) de l'échelle de mesure, mais ces degrés n'ont de sens que si une fonction par palier est testée et corroborée.