Quelle échelle d'action ?
Lorsque l'on parle d'éco-quartiers ou de centres commerciaux durables, d'immeubles HQE, de quoi s'agit-il ? Certes il existe à cette échelle des enjeux propres avec une proximité des actions et des implications qui peut faire progresser une prise de conscience citoyenne autour du développement durable. Ainsi, chaque quartier peut être considéré comme un écosystème social qui assimile différentes catégories sociales, de modes de vie, d'activités ou de cultures. Le quartier doit avant tout être conçu pour offrir des services et des infrastructures de base accessibles à tous. Il doit également pouvoir s'adapter à des aspirations et à des contraintes sociales en perpétuelle mutation. De même, il est un système complexe caractérisé par des processus d'échanges, mais aussi de changements et des évolutions continus. A cette échelle, l'énergie, les ressources naturelles, les déchets, les matériaux peuvent être considérés comme des flux qu'il s'agit d'entretenir, de restaurer, de stimuler et de valoriser au mieux, dans une perspective d'économie en boucle et de recyclage. Mais la ville durable peut-elle se contenter d'être une marqueterie de projets urbains plus ou moins bien connectés ? Aussi précis que soit le paramétrage de la durabilité dans ces projets à l'échelle d'un quartier et a fortiori d'un bâtiment, façonne-t-il pour autant une ville globalement durable ?
S'invite ici la question des écoquartiers dont on peut résumer la problématique de la façon suivante :
un gadget relevant d'une politique de marketing urbain ; une vitrine dont toute ville doit se doter ! Comme tout modèle urbain on constate une diffusion des métropoles vers les villes plus petites (quoique de grosses villes moyennes se soient assez rapidement saisies de l'objet).
une préfiguration de la ville de demain ; un avant-poste d'une ville durable ? Idée d'une première pièce du puzzle.
Ne passe-t-on pas à côté des vraies questions : consommation de foncier, étalement urbain, gestion des mobilités, contrôle et recyclage de la production de déchets.... ? En matière de développement urbain durable, peut-on se contenter d'une politique des petits pas ? La ville durable ne s'inscrit-elle pas dans un changement plus large de paradigme économique: transition écologique et donc une réflexion scalaire où les réalisations et expérimentions à des échelles comme le quartier ne peuvent en définitive ne prendre leur sens que dans une inscription plus large ? Question d'autant plus importante à poser que les instrumentalisations discursives du développement durable sont un élément important de la lecture de l'équation ville durable.
Exemple : Les centres commerciaux
En filigrane du resserrement géographique de l'offre et de nombreux projets commerciaux, le développement durable s'invite comme un leitmotiv. Les centres commerciaux nouvelle génération s'autoproclament HQE ; parmi d'autres mentionnons ici le très récent centre Le Millénaire situé à la Porte d'Aubervilliers ou le projet des Portes de Gascogne dans l'agglomération toulousaine. Plusieurs certifications ont été développées en ce sens en France dont celle délivrée par l'organisme Certivea où sont pris en compte la consommation d'énergie, le traitement de l'eau, les matériaux utilisés pour les bâtiments, etc. On peut aussi mentionner la certification BREEAM. ("BRE Environmental Assessment Method" ou la méthode d'évaluation des performances environnementales des bâtiments développée par le BRE) qui figure parmi les référentiels les plus anciens et les plus utilisés à travers le monde.